samedi 18 octobre 2014

Le mot de la fin, par Cédric Villani !

Lors du vol de retour entre Paris et Lyon, faute de mieux je regardais la brochure Air France située dans le dossier du siège, et j'y ai trouvé une pépite assez inattendue: un article sur le voyage, de la plume de Cédric Villani - le jeune (41 ans) mathématicien lyonnais, qui a reçu en 2010 la médaille Fields (équivalent du Prix Nobel pour les mathématiques), pour ses travaux sur l'entropie et le transport optimal.
Je suis un fan absolu de Villani et j'ai dévoré son livre son livre 'théorème vivant' (2012).

Cédric Villani a un 'look inimitable', qui l'a fait surnommer la Lady Gaga des Maths - sobriquet qu'il revendique.
(NB: les surlignés sont de moi.)


... plus riche de quelques étoiles... nous voilà revenus à notre nébuleuse North America NGC7000.
Alors que nous voyagions, Benoît, un collègue d'AstroSaône, féru d'astrophotographie, m'a dédicacé  SA vision de la nébuleuse NGC7000 - obtenue avec le matériel hors pair dont il dispose.


Après ce voyage et ce que nous avons appréhendé des lieux visités, le continent américain reste bien sûr cette immense et riche nébuleuse - parfois floue - dans laquelle, pour nous - comme le dit Villani et comme nous le montre Benoît - certaines étoiles que nous avons approchées brillent désormais un peu plus qu'auparavant...





Ici prend fin le blog NGC7000.

Merci à tous ceux qui l'ont lu (1664 pages vues) et nous ont soutenu le moral !

Alors, notre look au retour ?

Comme indiqué sur la page d'accueil du blog, on pensait - par mimétisme - revenir comme ça:


 

En fait, pas tout à fait...


Je vais tricher un petit peu, et utiliser une photo prise à Percé  - pour illustrer ce à quoi nous ressemblons désormais:



Origignal, non ?

Nous avons adopté... la moose attitude !!



L'Hermione en Nouvelle Ecosse: 1871... et 2015 !!

L'Hermione - qui a remonté la Charente le jour de notre départ - a été un des fils rouges de notre voyage.


L'intérêt que nous lui portons - faut-il le rappeler - vient de ce qu'Annie est charentaise, oléronnaise, et native de Rochefort ! Les héros de la région ne peuvent nous laisser indifférents !!

Nous avons bien sûr visité le chantier de construction de la nouvelle Hermione à Rochefort.

On dit que l'Hermione était LE bateau de Lafayette. En fait, Lafayette a entrepris son premier voyage en Amérique sur le bateau La Victoire en 1777, alors que son engagement aux côtés des insurgés américains n'avait pas l'aval de l'armée française - qu'il avait pratiquement désertée pour aller se battre aux côtés des Américains; il a d'ailleurs financé ce premier voyage sur sa fortune personnelle.
Revenu en France (Brest, 1779) il repart en 1780 avec le soutien de l'opinion publique. C'est au cours de ce second voyage, qu'il s'embarque sur la frégate Hermione.

(A noter que - je ne sais si cela a un quelconque rapport - deux des bateaux utilisés 150 ans plus tôt par Champlain lors de son premier voyage pour remonter le Saint Laurent s'appelaient l'Hermine1 et l'Hermine 2.)

Lafayette et l'Hermione ont donc accosté à Boston, le 28 avril 1780.

Il ne m'apparaissait pas évident qu'au cours de la Guerre d'Indépendance américaine, la frégate Hermione soit remontée jusqu'en Nouvelle-Ecosse, territoire qui n'était pas - pour ce que j'en ai compris - l'épicentre du conflit !!
Pourtant un tableau d'époque montre l'Hermione à Louisbourg.


La légendaire frégate - commandée par Latouche-Tréville - a en effet croisé au large de Lunenburg (ville que nous avons visitée, légèrement au Sud d'Halifax)  en 1871 et participé à "l'escarmouche navale" de Louisbourg en juillet de cette année-là, en compagnie de l'Astrée - commandée par Lapérouse.


Suite à ce combat (photo), les deux frégates françaises ont mis en déroute un convoi de navires marchands anglais se rendant au port de Spanish River (dans l'île du Cap Breton, alors encore sous contrôle français; aujourd'hui ville de Sydney, dans laquelle nous sommes passé avant de rejoindre Louisbourg).

(Ce combat mineur ne doit pas être confondu avec le Siège de Louisbourg (1758) pendant la Guerre de Sept Ans - à la suite duquel les Anglais avaient pris possession de la place.)

Il semblerait par contre que l'Hermione ne soit jamais allée à Annapolis Royal, à l'époque de la Guerre d'Indépendance.
Une escale de l'Hermione est prévue à Annapolis en 2015, mais il s'agit d'une autre Annapolis - capitale du Maryland dans la baie de Chesapeake - à plus de 1000km de l'Annapolis Royal où nous avons retrouvé la trace de Champlain.

Au cours de son périple de 2015, la nouvelle Hermione visitera également le port de New-York, Boston, Lunenburg et Halifax, où nous sommes passés au cours de notre voyage.






Le bon sens loin de chez soi... fait perdre la boule à la finance !!


C'est ce que nous nous sommes dits, en entrant dans le hall de l'immeuble du Crédit Agricole de New York (non loin du MOMA), et en y admirant cette magnifique œuvre d'art:



(NB: (nous cherchions un distributeur de billets... que nous n'avons pas trouvé bien entendu !)

Questions / réponses / expérences diverses

Comme nous l'avions laissé entendre avant le départ, le voyage pose parfois plus de questions qu'il n'apporte de réponses.
Voilà, en vrac, une petite liste de thèmes qui nous viennent à l'esprit...



Finalement, c'est comment le Canada ?
  • impossible de répondre à cette question - tant ce que nous avons vu l'a été dans des conditions météorologiques - paraît-il -  inhabituelles: nous avons eu un temps excellent... même dans l'Ouest
  • difficile dans ces conditions d'imaginer ce que peut-être l'hiver canadien et la vie des habitants
  • ce que nous en avons vu est ma fois fort agréable - petites maisons en bois de couleurs vives d'un bout à l'autre du continent
  • nous avons longé des milliers de km de côte et il nous semble avoir vu au cours de ce voyage plus d'étendues d'eau que dans toute notre vie... ce qui - dans le cas d'Annie, la fille des îles - signifie quelque chose !!

Américains / Canadiens: quels regards réciproques ?
  • nous nous sommes demandés comment Américains et Canadiens se perçoivent mutuellement... sans trouver de réponse à cette question
  • il nous a semblé que la différence USA/Canada est peut-être moins perceptible dans l'Ouest (Seattle/Vancouver) que dans l'Est (Nouveau Brunswick/Maine)...???

La Nouvelle Ecosse ressemble-t-elle à l'ancienne ?
  • indiscutablement, non ! Les deux ont certes une très importante façade maritime, avec des côtes très découpées, mais la Nouvelle Ecosse - même si certains paysages sont magnifiques - ne peut rivaliser à notre avis avec le charme et la mélancolie des paysages d'Ecosse
  • de même, dans l'intérieur, les rouges forêts d'automne ne sont pas comparables aux landes et bruyères sauvages des Highlands écossais
Les accents canadiens
  • en général, nous avons bien compris les québécois - très loin de la caricature des 'têtesaclaques.com'; il est vrai qu'en général nous avons côtoyé les gens habitués à avoir à faire avec les touristes
  • en Nouvelle-Ecosse par contre, il nous a parfois été difficile de comprendre certaines personnes
Les arts de la table !!.. si l'on peut dire
  • nous ne pensons pas être particulièrement chichiteux, mais une fois encore cette propension des américains à utiliser à tout bout de champ des couverts en plastique de bas étage, nous énerve... d'autant que, le plus souvent, la nourriture qu'ils sont censés (les couverts) permettre "d'attaquer" est de très bonne qualité ! L'argument écologique - qu'on nous sert aussi fréquemment, est spécieux - les couverts étant jetables et non-recyclables...
  • inutile de rechercher la moindre nappe ou le moindre set de table papier aux USA; alors qu'on a tendance à vous chapitrer sur l'hygiène, on mange à même la table... Il faut dire que dès que les clients de la table contiguë sont partis, un employé vient avec son vaporiseur de désinfectant... dont vous aspirez à l'occasion une bonne dose...
  • même chose pour les verres; passons sur les gobelets en polystyrène expansé (au fait, le contact alimentaire, Ok?) pour servir le café, mais les boissons froides sont servies dans de grands gobelets en plastique bien peu esthétiques; pour les boissons en bouteilles - bières par exemple - on tend à ne pas vous amener de verre du tout; plusieurs fois, nous avons été obligés d'en demander; nous avons vu des clients manger du homard en buvant à la bouteille !
  • nous avons noté au Canada une plus grande ressemblance avec l'Europe: sets de table à tout le moins, et couverts métalliques...
La bureaucratie américaine
  • il est de bon temps de railler nos tendances procédurières et bureaucratiques et de donner en contre-exemple la simplicité des procédures américaines...
  • en ce qui concerne le paiement des achats de tous les jours, c'est plutôt l'inverse !!
  • nous avions déjà remarqué lors de notre voyage de 2011, la complexité inutile des règlements par cartes bancaires !!... et en cela le Canada et les USA ne sont pas différents !
  • les prix sont en général indiqués hors taxes sur les étiquettes; quand la facture vous parvient, ils sont donc majorés de 15%; mais la facturette qu'on vous remet après lecture des paramètres de votre carte vous laisse encore le choix du pourcentage (ou du montant en dollars) du pourboire que vous souhaitez laisser ! Vous devez en général inscrire manuellement ce montant ou ce pourcentage, signer la facturette, en espérant que c'est bien du montant qui en résulte que votre compte sera débité; certes on peut dire qu'il s'agit là de responsabiliser le client en lui laissant apprécier la qualité du service... mais comme dans 99% des cas  c'est le pourcentage moyen qui est laissé, pourquoi ne pas adopter le système européen; dans les 1% de cas "litigieux", il est toujours possible de revoir le service à la hausse ou à la baisse !!!
  • nous avons toutefois noté - par rapport à 2011 - une simplification certaine des transactions aux pompes à essence; alors que , dans le Sud, je devais confier passeport ou carte bleue au pompiste pendant que je faisais le plein, puis revenir payer ensuite, il a été souvent possible de se servir directement à la pompe comme en Europe; mais les questions posées sont toujours un peu compliquées pour nous, par exemple: "payez-vous par carte de débit ou de crédit ?"

L'hygiène
  • alors que dans le Sud, en 2011, nous avions noté une tendance à l'élimination de toute manipulation éventuellement contaminante pour aller aux toilettes (ouverture et fermeture automatique de toutes les portes; déclenchement automatique des robinets, séchage des mains sans contact, etc...) nous avons vu cette fois-ci des systèmes beaucoup plus semblables à ce que nous trouvons en Europe, et parfois pas beaucoup plus propres...

Le GPS
  • je reviens sur cet engin miraculeux - que nous avions acheté en 2011, et qui nous a re-servi; il aurait été absolument impossible de réaliser notre programme sans lui; il permet en effet de gagner un temps fou - principalement à l'approche des villes
  • deux ou trois fois pourtant - dans des zones particulièrement denses en échangeurs, passages supérieurs et inférieurs -  il s'est toutefois trouvé en défaut... mais cela a été très rare !!

L'intendance électronique et le voyage connecté
  • je rassemble sous ce vocable, tout ce qui permet de préparer le voyage, réserver, stocker à l'abri, payer en ligne sur le champ...
  • les voyages ne sont plus ce qu'ils étaient... quand on est connecté et qu'on dispose d'un ou plusieurs instruments mobiles
  • tous les documents importants: papiers, réservations, cartes géographiques,  etc... étaient consultables à tout moment sur nos appareils (iPhone, iPad)
  • avec une connexion wifi, on pouvait établir la carte du trajet suivant, réserver pour le lendemain ou les jours qui viennent
  • j'ai pris un e-ticket pour payer le train à Boston et le contrôleur a scanné le QR-code correspondant sur mon i-Phone; j'ai même fait mieux à la gare SNCF Lyon-Part-Dieu où j'ai obtenu un e-ticket sur l' iPhone - cinq minutes avant le démarrage du  TGV pour Mâcon !!




Les cartes de l'itinéraire finalement réalisé

A l'Ouest:

  • par rapport aux prévisions: nous avons quitté le Mont Rainier par la route Nord, faisant donc une véritable boucle autour du massif
  • à partir de Port Angeles, nous avons exploré la route qui monte au Hurricane Ridge
  • nous sommes finalement passés par la côte Sud de l'île de Vancouver pour rejoindre Nanaimo à partir de Victoria



A l'Est:

  • nous avons pénétré le fjord du Saguenay moins profondément que prévu (jusqu'à l'Anse de la Roche seulement)
  • sur l'île du Cap Breton, nous avons fait un 'huit', pour parcourir le Cabot Trail dans le sens inverse des aiguilles d'une montre, avant de redescendre sur Sidney puis Louisbourg
  • après Lunenburg nous n'avons pas exploré le côte Sud-Ouest de la Nouvelle-Ecosse, mais sommes remontés sur Annapolis et Baie Ste Marie
 

 


  

Retour sur nos motivations

Au commencement de ce blog, nous avions fait l'inventaire des raisons qui nous ont poussés à entreprendre cet incroyable voyage - a priori assez disparate.

De retour, voici le point sur ces motivations.


Motivation n°1 : réunion de Vieux Chimistes à Montréal
  • nous avons craint un moment que la grève des pilotes d'Air France ne vienne gâcher la fête et que les 3 autres couples d'amis ne puissent nous rejoindre... mais au final tout s'est bien passé
  • Michel et Andréa - les accueillants de Montréal - nous ont fait vivre à l'heure de cette ville intéressante et nous en ont montré beaucoup de facettes qu'en simples touristes nous n'aurions pas su découvrir
  • et puis ce rassemblement - auquel nous aurions souhaité que d'autres amis Vieux Chimistes se joignent - est un nouveau témoignage d'une amitié qui nous lie maintenant... depuis 1968 !!!
Motivation n°2, pour l'Ouest des USA et Canada: l'attrait des finistères !
  • nous avons été servis au-delà de nos espérances, compte tenu du temps sublime dont nous avons joui là-bas: même les autochtones n'en revenaient pas !
  • nous avons aimé ces chapelets d'îles et de détroits délimités par de superbes chaînes montagneuses et les cimes enneigées des "vedettes": Mt Rainier, Mt Baker, Glacier Peak !!
  • carton plein aussi pour le côté industriel - avec la visite de Boeing et de la fondation Bill Gates
Motivation n°3 pour le Québec et la Gaspésie: sur les traces de ceux qui nous y ont précédés !
  • nous avons eu deux jours de pluie sur Québec, et nous aurions aimé avoir plus de temps pour explorer le fjord du Saguenay - aller jusqu'à Chicoutimi et au lac St Jean; mais nous savions que ce serait fort difficile...
  • challenge tenu: nous avons vu des queues de baleines à bosse; les interprétations divergent quant aux bélugas !
  • pour le reste, la Gaspésie - avec nos amis Pierre et Jacqueline - a été un temps fort du voyage; non seulement le temps était superbe, mais la fréquentation touristique  à l'arrière saison est certainement plus propice qu'en été !!
Motivation n°4, pour la Nouvelle Ecosse: compléter le puzzle - avec l'Ecosse et le pays cajun
  • le carton est plus que plein sur cet aspect des choses, avec la visite de Louisbourg, mais aussi d'Annapolis - initialement non prévue à notre programme, mais que nous avons décidé d'y inclure
  • la visite de cette ville et du berceau de l'Acadie - bassin de Cap Baie Ste Marie - nous ont permis de resituer l'ampleur historique des événements qui se sont déroulés là-bas
Motivation n°5, pour Halifax, Boston, New York: visiter les ports où l'Hermione jettera l'ancre en 2015
  • l'objectif est plus qu'atteint là-aussi, dans la mesure où - parmi les étapes du voyage de l'Hermione en 2015 - figurent New-York, Boston, Halifax, mais aussi... Lunenburg - charmant port de Nouvelle Ecosse que nous avons visité
  • nous pourrons donc suivre avec intérêt ce voyage, en nous étant aussi remémoré toutes les dates de l'histoire américaine qui ont conduit à l'intervention de Lafayette en territoire américain !
Motivation n°6, pour New York: la grosse pomme et notre amie Bette !!
  • nous nous sommes cette fois sentis "chez nous" à New York; tout nous est apparu facile et familier... même si la silhouette de la ville a évolué depuis 2001... et puis le temps y était bien plus clément qu'en 2001
  • les retrouvailles familiales ont dépassé nos espérances - puisqu'à Bette s'était jointe Jackie, que nous ne nous attendions pas à y voir  !

Au-delà des motivations exprimées au départ, on peut se demander si d'autres raisons ne nous ont pas poussés à entreprendre ce voyage:

  • faire une nouvelle fois l'expérience des énormes distances du continent américain... C'est une expérience qui se prête mal à la description; il faut sentir, "laisser le bon temps rouler" comme ils disent en Louisiane, avaler les kilomètres, laisser se dérouler l'asphalte...

  • tout simplement... se sentir encore capables de prendre ainsi la route, et d'accomplir un tel voyage... même si nous n'avons plus la tente et le sac de couchage sur le dos...